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12 mars 2006

Fin de Partie

Fin de partie de Beckett. Une sensation d'oppression. Une vague d'angoisse qui ne trouve aucun support pour se briser. L'angoisse du temps qui passe. L'absurde. Cela faisait longtemps qu'une pièce ne m'avait marqué  à ce point. Une oeuvre forte et percutante. Avec une mention spéciale pour Matthias Urban, pour sa mise en scène sobre et belle ainsi qui son admirable performance. 

Un seul acte suffit dans cette pièce pour évoquer l'enfer de la temporalité. Dans un intérieur sans meuble, trois générations s'affrontent, se déchirent, mais se soutiennent aussi mutuellement : un homme paralysé et aveugle sur sa chaise roulante avec à ses côtés, ses géniteurs mourant qui croupissent dans des poubelles et son fils, le plus valide du groupe, pouvant circuler dans l'espace. Ce dernier, soumis à l'autorité du père, fait office de domestique, d'esclave, d'infirmier. Ensemble, ils s'entre-déchirent dans un rapport haine-amour virulent, tentant de négocier âprement leur séparation. Le fils rêve de s'affranchir de cette douloureuse relation et fuir à l'extérieur, vers ce qui reste d'humanité. Un rat, un morpion, un enfant aperçu dans le no man's land qui entoure cette «maison» sont les seuls éléments qui vont venir perturber cette réunion de famille, «ces rescapés du colossal fiasco», qui semblent attendre la fin, alors même que rien ne se passe, éternellement, que rien ne progresse, si ce n'est la lente dégradation universelle.

Rien n'est plus drôle que le malheur... c'est la chose la plus comique du monde.

fin_partie_20060213

 

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